1.8 millions € pour l'Heureux géomère de Ribera - Décryptage

Mardi 16 juin, la maison de ventes aux enchères Daguerre a vendu à Drouot le très attendu tableau Un philosophe : l’heureux géomètre à une galerie suédoise pour 1 820 000 €. La toile, conservée au sein d'une même famille depuis le milieu du XIXe siècle, a été peinte par Jusepe DE RIBERA (1588-1656) vers 1610-1615, faisant de ce portrait truculent l'œuvre de jeunesse la plus importante de l'artiste vendue aux enchères jusqu'à présent.

Résultat majeur en cette période post-confinement où le marché de l'art mondial reprend peu à peu, la vente à Drouot de cette toile confirme la place centrale qu'occupe Paris dans le marché des maîtres anciens.

 
Jusepe DE RIBERA (1591-1652)
Un philosophe : l’heureux géomètre
Toile  |  100 × 75,5 cm
Prix réalisé : 1 820 000 € 

 
Cette œuvre inédite de l’artiste a multiplié par six son estimation haute de 300 000 euros pendant une longue bataille d'enchères en salle. Depuis que nous avons dévoilé l’existence de cette toile, les collectionneurs n’ont eu de cesse de manifester leur intérêt même pendant la crise sanitaire, détaillent Maîtres Benoît Derouineau et Bertrand de Cotton. Grâce aux outils numériques existants, les acheteurs étaient nombreux à se mobiliser. Aucun des enchérisseurs présents en salle ou au téléphone n’avaient d’ailleurs vu le tableau avant la vente. Ils avaient toute confiance dans l’expertise du cabinet Turquin. 

Ce très beau résultat confirme le dynamisme du marché de la peinture ancienne, qui ne cesse de s’intensifier depuis 2 ans, détaille Stéphane Pinta, expert du cabinet Turquin. Le marché de l’art a reconnu à la fois une oeuvre originale et inhabituelle dans le corpus de Ribera. Cet artiste fondamental de l’histoire de l’art, considéré comme le premier suiveur de Caravage, livre ici une image forte et incarnée de son modèle préféré, qu’il représentera dans six autres tableaux. »

Archimède, Démocrite ou… Appollonios ?

Après Archimède et Démocrite, nous soulevons aujourd’hui une nouvelle hypothèse sur l’identité de l’homme représenté. Il pourrait s’agir d’Apollonios, géomètre et astronome de l’Antiquité (Grèce, IIIe siècle av. J.-C.) et grande figure des mathématiques hellénistiques. Les schémas géométriques présentés par le mathématicien pourraient faire directement écho aux écrits d’Apollonios sur les sections coniques », détaille Stéphane Pinta. Le Cabinet Turquin remercie Serge Plantureux, expert spécialisé en photographies, qui a suggéré cette proposition.

Une nouvelle hypothèse d’école qui vient complémenter l’authentification de cette interprétation totalement allégorique du Savoir. Loin des représentations stéréotypées des grands penseurs de l’Antiquité, avec leur barbe blanche et leur noble apparence, l’artiste préfère figurer un vieil homme ridé, vêtu de guenilles pour incarner la connaissance. Une provocation soulignée par le sourire malicieux du personnage, confie l’expert du Cabinet Turquin.

Voir également la brève du FIGARO
https://www.lefigaro.fr/culture/encheres/un-tableau-retrouve-du-peintre-espagnol-ribera-est-adjuge-sept-fois-au-dessus-de-son-estimation-20200617